Lettre d’amour à moi-même

Je suis un peu en retard pour la Saint-Valentin, mais bon.

Décembre à très bien été, malgré le passage des Fêtes où je me retrouve souvent complètement seule. Je bénéficie parfois d’un appel vidéo d’une amie, mais pas cette fois.

On s’habitue.

Je venais de finir un livre que j’ai adoré pour son message : « The Lady’s Handbook for her Mysterious Illness ». Sa lecture m’a permise de revivre le début de ma maladie, mes multiples rendez-vous médicaux pour trouver une solution qui me permettrait de retourner travailler (jamais pour pouvoir vivre une bonne vie, seulement « travailler »), les tests médicaux, mes visites auprès de praticiens du bien-être, les déceptions, la peur, la perte de mon travail, de ma carrière, etc.

Revivre tout ça et comprendre.

Revivre tout ça et me pardonner.

J’ai fait tout ce qui était possible de faire pour aider mes médecins à comprendre l’urgence de ma situation.

Je n’ai pas quitté le travail trop tôt, je n’ai pas mal géré les multiples batailles bureaucratiques.

J’ai fait tout ce que j’ai pu faire pour sauver ma vie.

J’ai arrêté de travailler « tôt » parce que je savais que si je tombais encore plus malade, personne ne serait là pour m’attraper et me soigner.

Ma tête continuait de penser que j’étais bien entouré au travail et dans ma vie, mais mon for intérieur me savait seule.

Et mon for intérieur avait, et a toujours, raison.

En janvier, j’ai voulu préserver cette paix intérieure si chèrement gagnée, mais je savais que même six ans plus tard, la vie trouverait d’autres façons de me déchirer.

J’aimerais croire que c’est pour me faire comprendre d’autres réalités que je refuse d’admettre, des réalités qui me ferait grandir, mais je n’y crois plus vraiment.

La grandeur d’âme est devenue inutile en ce monde.

Je surmonte chaque semaine, des monologistes qui ne me voient pas, qui tentent de me convaincre que ma situation pourrait être pire (évidemment !) dans le seul but d’esquiver rapidement et totalement ma douleur.

Je survie à plusieurs plaies ouvertes d’émotions. À des douzaines d’abandons qui n’arrêtent pas.

J’offre de mon côté une loyauté inébranlable au bien-être de mes proches, une grande capacité d’écoute et de résolution de problème (sur demande). Un sens de l’humour béton qui a fait rire des légions.

La majorité évite même un petit « bravo » pour le long et pénible chemin que j’ai parcouru.

Alors je me le dis pleinement : « Bravo !!! »

Chaque nuit, d’horrible visions me guettent de mon tout près future. Je les enfouies et je survie.

Chaque nuit je rêve d’être entourée : réponse de mon subconscient au désert de mes relations.

Trop longtemps j’ai crû qu’avoir peu de gens autour de moi était un signe qu’il manquait quelque chose de vital à ma personnalité.

Maintenant, je sais.

Le manquement est dans les autres qui ne veulent pas m’accompagner.

Je dois persévérer.

Uniquement pour moi.